mercredi 21 décembre 2011

Et voilà l'échange de cadeaux!

Comme tout bon party de bureau qui se tient, notre équipe a bel et bien eu un échange de cadeaux, du style, tu dépenses 20$ et tu piges un cadeau dans le tas, tu le déballes, tu te le fais voler et tu restes pogné avec le cadeau poche. La différence c'est qu'il faisait assez soleil pour qu'on le fasse dehors, sous le bruit des tondeuses à gazon un après-midi de décembre, pendant que les jeunes artistes chicks avec leur bottes de pouelle, leur tuque de hipster et leurs camisoles chialent qu'il fait donc ben froid en Californie l'hiver OMG.

Faire un échange de cadeau avec des programmeurs c'est toujours plein de rebondissements. Moi, en tant que canadienne, j'ai bien sûr donné du sirop d'érable pis sac de chips au Ketchup comme cadeau. BAM. Succès assuré, avec ces denrées rares de luxe en temps de crise économique. Moi j'ai reçu une figurine de Halo 3, qui ressemblait à quelque chose comme ça:


Yéééé... Ça se mange même pas pis ça se boit même pas.

Pendant que d'autres étaient excités à l'idée de boire leur bouteille de vin fancy ou encore de passer du temps de qualité avec leurs pantoufles en léopard, moi je me demandais bien ce que j'allais faire avec ma figurine HALO 3, dont la caractéristique principale semblait de pouvoir faire la split en tenant un gun trop gros d'une main.

Ma figurine c'était comme une version de Luc Senay split athlétique qui est pas le genre à "y aller avec la famille".


Pendant que j'étais en train de lire le derrière de l'emballage avec perplexité, un programmeur s'approcha. Peut-être pourrait-il plus me donner de détails sur cet étrange personnage. 

Programmeur: Allô.
Moi: Salut.
Programmeur: C'est une belle figurine que tu as eue là !
Moi: Ouais. Mettons.
Programmeur (chuchotant): C'est moi qui l'a donné, ce cadeau-là !
Moi: Oh, vraiment.
Programmeur: Ouais, je sais que faut pas le dire, mais bon, je pense que j'avais un des cadeaux les plus hot de l'échange.
Moi: Assurément.
Programmeur: Qu'est-ce que tu vas faire avec ?
Moi: Je pense que je vais l'appeler Keith, et le mettre à côté de ma figure de Ronald McDonald's sur mon bureau. Ils pourraient devenir BFFs.
Programmeur: Mais... euh... c'est que...
Moi: Oui, je sais, Keith c'est pas son vrai nom, mais c'est un peu mieux je trouve que Mister Chef.
Programmeur (l'air légèrement agacé): Tu veux dire Master Chief.
Moi: Ouais, okay, non, mais j'aime mieux Keith. J'ai jamais vraiment joué à Halo.
Programmeur: Ah.. Mais....Qu'est-ce que tu fais là ?
Moi: Ben je déballe Keith pour le mettre sur mon bureau.
Programmeur: Mais t'es malade !?!
Moi: ...
Programmeur: Tu sais combien ça vaut ça??
Moi:... 20 piasses ?
Programmeur: Peut-être quand tu l'achètes, oui, mais je crois que ça a déjà doublé de valeur et que c'est pas mal difficile d'en trouver sur eBay. Faut que tu le laisses dans son emballage original !!!
Moi:... oh. Je suis désolée d'être indigne de Kei... euh... Master Chief.
Programmeur: Check, moi j'ai eu deux passes de cinéma avec un gros popcorn. J'men fous, je download toujours les versions cam et je les regarde sur mon projecteurs. Je te l'échange contre Master Chief.
Moi:... Ben je sais pas. Je commençais à m'attacher.
Programmeur: Accepte, je te dis, sinon tu vas trouver que mes bugs dans Jira prennent un temps énorme avant de se résoudre.

Et puis, un moment de guerre psychologique suivit, avec nos regards remplis de haine. (En fait, je crois que c'est de la haine que j'ai perçue dans ses lunettes épaisses, qui semblait m'être adressée)

Moi: J'accepte l'échange, mais tu résous tes bugs comme d'habitude. Sinon je vais dire à la jeune secrétaire que tu passes le 3/4 de tes journées à stalker son timeline de Facebook de 2007.
Programmeur:...... Bon, ok... (s'adressant à Keith) Viens Master Chief, tu vas aller retrouver tes 3 autres jumeaux à la maison, et tu ne seras plus dans les mains de cette personne indigne.

mardi 20 décembre 2011

Le magasinage de Noël


C'est le temps du magasinage du temps des fêtes. Les geeks ne vont bien sûr pas se garocher su Sears acheter des micro-ondes en spécial. Ils ne vont pas non plus, armés de poivre de cayenne, essayer de se voler des consoles Xbox au Wal-Mart, se battant contre 2-3 mamans gigantesques. Leurs simples mots ne feraient pas le poids contre une bonne claque sur la gueule ou alors des insultes bien placées.

Les geeks, la frénésie du temps des fêtes, ça se vit sur l'internet. Et dans les meetings. Aux États-Unis, tout se commande sur Amazon.com. Tout tout tout. Du liquide lave-glace, un bouchon d'évier, un déshabillé coquin, une poussette pour enfants.

La scène: On est dans un meeting hebdomadaire, juste avant la tenue d'une longue présentation powerpoint d'une jeune chick de marketing qui va nous parler de mise en marché de produits mobiles. Contrairement aux autres semaines, la salle est pleine à craquer, remplie pour la plupart de programmeurs qui n'ont jamais touché à un produit mobile de leur vie (et qui ne toucheront jamais non plus à la jeune fille de marketing).

Programmeur inconnu: Hey... HEY!
Moi: Oui?
Programmeur inconnu: Je sais qu'on se connait pas, mais j'ai besoin de ton avis féminin pour quelque chose.
Moi: Ok...
Programmeur inconnu: Regarde sur mon écran, j'hésite entre deux modèles pour le cadeau de Noël de ma blonde. Je sais vraiment pas lequel des deux prendre.
Moi:.... Euh, c'est dur à dire de même...
Programmeur inconnu: Je sais, ceux-là à gauche ont l'air plus épais, et les autres à droite plus longs. Lesquels tu trouves les plus beaux ?
Moi: Sincèrement ?
Programmeur: Sincèrement.
Moi: Aucun des deux.
Programmeur: Ah...
Moi: Mais tsé, peut-être que je suis la mauvaise personne. Je la connais pas ta blonde, peut-être qu'elle est vraiment une passionnée d'essuie-glace.
Programmeur: Je sais pas. Je suis juste tanné de ses maudits essuie-glace de marde quand il pleut.
Moi: Ouais. Okay, je comprends ta frustration, mais peut-être que tu pourrais trouver d'autre chose de mieux.

Et durant le meeting, je le vois passer toutes les catégories d'Amazon au complet, des livres d'informatique aux paires de bas.

Programmeur: Finalement, j'ai trouvé une idée pas pire utile ! Dequoi de pratique et joli. Aussi, je lui ai acheté une paire de mitaines et une tuque orange Timberland au cas ou qu'il fasse frette. Je vais pouvoir les lui emprunter aussi.
Moi: Wow. Joyeuses fêtes hein.

mardi 13 décembre 2011

Les moments de malaise

Les moments de malaise, au bureau, yen a plein. Je commence à être habituée.

Les moments, au déjeuner, où, je sens une main moite accrocher la mienne, "accidentellement", alors que j'essaie de prendre l'une des 12 boîtes de céréales du présentoir. "Oups, désolé !", un large programmeur me dira, "Je crois que je voulais avoir moi aussi les .. euh... Kashi Oméga 3 en même temps que toi, ha ha ha".

Et moi, de regarder son déjeuner actuel, soit un bagel aux raisins moitié Cheez-Whiz et moitié Nutella, avec un Coke et de la réglisse "on the side". Oui, c'est ça, j'imagine que c'est des céréales brunes que tu voulais...

"C'est pas grave, je vais prendre autre chose!" suivi d'un clin d'oeil, et d'un gros bol de Lucky Charms avec du lait à 3.25%.

Puisque je suis habituée, ces moments ne me dérangent guère maintenant. Comme un Zergling seul sur ma défense de 10 Photon-Cannons.

Je ne peux pas dire autant des agentes administratives cutes du bureau, quand elles surprennent une conversation comme celle-ci entre deux geeks à côté de la machine à espresso.

- Fak là, je suis rentré à la taverne, pis il y avait une espèce de super hot chick blonde !
- Hein !! Quelle taverne ?
- Dans l'est, là.
- Shit !! Oui, je sais dequoi tu parles ! Elle a vraiment un espèce de rack de la mort !!!
- C'est clair que depuis que j'avais reçu la permission de me marier, a m'était tombée dans l'oeil.
- J'comprends ! Si j'étais pas déjà pris, mais bon... Pis ?
- Ben son mari actuel est un soûlon. Y s'occupe jamais de ses affaires pis toute...
- Oh ho, l'opportunité...
- Ouais, je suis allé le tuer dans son sommeil.
- Nice.
- Ouais. Mais quand je suis revenue lui parler pour qu'elle me remercie, elle a pas voulu de moi.
- Hein, comment ça.
- A l'a commencer à chialer qu'a voulait juste que je pète son stock d'alcool, pas que je le tue.
- J'sais pas, mais est foutument agace.
- Ouais, ça m'est arrivé l'autre fois avec la fille cannibale aussi. C'est pas la première fois.
- Pour moi ya un bogue.



Skyrim, fournisseur de moments perturbants au bureau depuis novembre 2011, sur XBOX, PS3 et PC.

mercredi 7 décembre 2011

Poutine à tout prix.

Parfois, il m'arrive que les temps soient très durs dans ma compagnie de jeux vidéos californienne. Prenez par exemple cette semaine: quelqu'un a bouffé toutes les Sour Patch rouges dans la boîte, et a remis tout le reste dedans, de sorte qu'il reste seulement des jaunes, des vertes et de oranges. Ark. Puisque ça veut dire qu'un programmeur a sûrement touché avec ses mains chaque Sour Patch pour les remettre dans la boîte après, c'est un peu dégoûtant. Surtout quand on réalise que l'activité favorite du programmeur moyen est de naviguer sur Reddit en cherchant des photos de chats au travail avec la moitié d'une main dans le pantalon, comme chez lui.

Tout ça signifie que je dois me rendre jusqu'à la cuisine pour me prendre d'autres Sour Patch d'une autre source infinie de collations.

Heureusement, dans ce temps-là, j'arrive chez moi le soir et je peux me réconforter en me concoctant une jolie poutine maison, avec de la sauce en poudre St-Hubert achetée au IGA lors de ma dernière escapade, et du fromage en crottes qui fait squik squik importé d'un truck stop sur la 20 pas trop loin du feu Madrid.

Importer du fromage en crottes n'est cependant pas de tout repos.

Tout ceux qui ont déjà pris l'avion avec moi depuis l'obtention de mon visa savent qu'il faut habituellement prévoir un peu plus de temps pour les correspondances de vols internationaux. Avec mon statut officiel de voleuse-de-job-qui-parle-même-pas-bien-anglais-comment-ça-ça-parle-pas-toute-anglais-au-Canada, je suis rendue experte dans l'art "d'aller dans le p'tit bureau".

Aller dans le p'tit bureau, c'est se faire interroger par les douaniers américains, les mêmes types qui ne savent pas trop c'est quoi l'internet, afin de vérifier que je ne suis pas en réalité une future immigrante illégale qui va passer le restant de sa vie à vivre le rêve américain en vendant des tacos maisons dans mon truck à bouffe avec une femme nue sur une moto peinturée sur le côté avec du glitter ou encore une oeuvre d'art peinte à la main de mon cru.


C'est dans un truck comme celui-ci que j'ai mangé ma première crêpe au steak haché et bacon.


Parfois, dans le p'tit bureau, alors qu'on me pose des questions personnelles comme, "Tu penses-tu rester toute ta vie ici ?", "T'es sûre que tu inventes pas la job que tu viens de me décrire là ? Ça a l'air compliqué là analyser les jeux vidéos comme tu dis... j'pas sûr que c'est comme ça que ça se fait.", ils décident de fouiller mes bagages.

Douanier 1: What IS that?
Moi: Euh.... cheese?
Douanier 1: I've never seen cheese like this before. Jack? Jack!! Come here for a second.
Douanier 2: What?
Douanier 1: She says it's cheese! Look at this!
Douanier 2: Hmmm... maybe we should open it...
Moi: No! It's really cheese! It stays fresh if the bag is never opened! It does.. euh... squik quik!!
Douanier 1: ...
Douanier 2: ...
Douanier 1: Are you trying to imitate the sound of a cow?
Moi: .... no.
Douanier 1: Are you trying to tell us that you visited a farm, young lady? Because your declaration says that you didn't...
Moi: No !!! It's cheese you buy in truck stops on the side of the highway... they are not "farms !" In french we call it... cheese... in kind of... poops...
Douanier 1:....
Douanier 2:....
Douanier 1: If you were in contact with animal poop from a farm, you have to tell us now, because...-
Moi: No, it's just the word in french is cheese in poops. Let me check something... just a second !!!

Je ne voulais pas qu'ils ouvrent mon sac de fromage frais. Mon bagage à main aurait fini dans la soute à bagages comme d'habitude à cause qu'il n'y a plus jamais de place dans les cabines, mon fromage à -50 degrés dans la soute, tout ouvert, ruiné, ne faisant plus squik squik. J'ai alors remercié Steve Jobs pour l'accès à internet mobile, et pour wikipédia.

Moi: CHEESE CURDS !!!!! It's called cheese curds !!!! Yééé !
Douanier 1: Oh, really? Oh, I had cheese curds before when I was working in the midwest. It was fried, though.
Douanier 2: Oh yeah ! Me too, it's good ! But it doesn't look like this.
Moi: Fried ? No... euh, we do it for poutine.
Douanier 1 & 2: OOOH POUTINE !!! So good !!!!!

Ensuite on a eu des rapprochements émotionnels car un des douaniers avait déjà goûté à une poutine en 1997 à New York. Ya eu une anecdote mal-à-l'aisante sur son ancienne blonde qui l'a quittée pour son frère, mais somme toute, j'étais sauvée.

Je pouvais repartir avec mon fromage, mon permis de travail, et mon désir de me faire une poutine bien chaude qui fait squik squik avec ma sauce en poudre.

dimanche 4 décembre 2011

La photo du jour

Pis, comment se passe le pelletage d'entrée ? C'est beau la neige ? Les spéciaux de Noël su La Baie sur les kits de cuisine Lagostina ? Bon, parfait ça !

Sur un tout autre ordre d'idée, ici on peut dire que c'est l'été des indiens (je crois ?) En tout cas, il fait 20 et gros soleil dehors. C'est pas toujours comme ça au mois de décembre dans la Vallée du Silicone, mais ça arrive.

Demandez à ce spécimen croqué dans la région l'autre fois. Le poil blondinet de ses jeunes et frêles jambes d'albinos luisant au soleil, les souliers Reebok blancs détachés avec un laissez-faire probablement bien calculé, les bas blancs courts pour un maximum de confort, et l'absence de même un simple début de muscle de mollet. Fait chaud !


Avec la grosse saison de tournoi de Starcraft de terminée, c'est là que nos plus beaux atouts sortent se prélasser au soleil. Oui oui. Dites-vous qu'ils sont riches.

vendredi 2 décembre 2011

Hockey 101



Le hockey pour les gens demeurant dans la Vallée du Silicone, c'est un peu comme nous les Québécois et l'Omni-Kin. On sait que ça existe, on payerait pas vraiment pour aller voir ça à moins que la bière soit vraiment pas chère, pis on serait pas comme "WAAAAH REGARDE C'EST RUSS BERGERON LE JOUEUR ALL-STAR D'OMNI-KIN DE CHARNY!!!!".

Le hockey c'est un peu comme ça ici. Tout le monde s'en fout. Donc, quand je suis allée voir la partie des Canadiens contre les Sharks, c'était pas surprenant que je sois assise à côté de deux moustachus dans la cinquantaine qui ne comprenaient pas ce qui se passait.

Moustachu 1: Me semble qu'il tient le bâton de l'autre pas mal fort là, pendant qu'ils sont dans le cercle à pas bouger avant qu'ils mettent la balle en jeu...
Moustachu 2: Comment ça s'appelle ça déjà ?
Moustache 1: Ben, me semble que c'est pas une balle... le truc noir... Attends, je check sur mon téléphone... hum... ah, voilà, mise... mise en jeu de la rondelle ! Voilà !
.....
Moustache 1 & 2: AYOYE !!!
Moustachu 2: Eille, Deumersh là, il l'a frappé fort !
Moustachu 1: Qui ça ?
Mousachu 2: Deumersh. Check sur ton programme.
Moustachu 1: Comment ça s'écrit ?
Moustachu 2: D-E-M-E-R-S.
Moustachu 1: C'est bizarre, ya comme toutes ses dents, je pensais que les Canadiens n'avaient pas de dents.
Moustachu 2: Eille, y fait ben frette icitte.
Moustachu 1: Ouin, ya même pas de cheerleaders.
Moustachu 2: Ouin, me semble que des filles en bikini ça ferait passer le temps un peu.
Moustachu 1: Eille, check l'annonce là: Deux burritos gratuits pour tout le monde chez Jack in the Box si les Sharks comptent dans les deux dernières minutes de la deuxième période.
Moustachu 2: Eille, j'aime ça en maudit Jack in the Box. Si je pouvais ressortir avec deux burritos, je retournerais chez nous avec un profit, pis demain je vais dire à mon boss qu'il m'a pas pantoute rendu service avec son sport de canadiens qui nous fait se geler le cul.
Moustachu 1: On est à quelle période là ?
Moustachu 2: Jsais pas, ça doit achever, cette maudite game-là. Tu viens tu écouter le football chez nous dimanche ?

jeudi 17 novembre 2011

Bataille de gosses de riches siliconiens




Est-ce que vous vous souvenez, à la récréation, c’était toujours le bordel quand un des amis avait comme collation des fruit-o-long. Oh, là, tout le monde en voulait sa part, de sorte que le petit gros roux qui avait des parents riches et un stock infini de fruit-o-long à la maison était bien content de se faire des « amis ».
Ça commençait par, donne un gros bout, je vais être ton meilleur ami. Ensuite, donne-moi un gros bout, ça presse, sinon je te choisis pas dans mon équipe au ballon chasseur. Pour finalement, donne-moi le au complet, sinon j’te pète la yeule, pis mon père est plus fort que le tien.

Moi j’ai jamais eu ce problème parce que j’avais des collations en salade de fruits pis des pommes dans mon lunch. Yé. Alors personne ne venait me taxer ça. Pis si jamais j’avais un problème autre, j’avais juste à dire, « Arrête de m’écoeurer sinon mon père va aller chez vous ». Tout le monde avait vu mon père débarquer en habit de police à la garderie pour aller me chercher. Dans le temps, c’est quelque chose de beaucoup plus concret que « Mon père est mécanicien de machinerie lourde, donnes-y 6 semaines pis il va aller construire une pépine qui va détruire ton garage » ou encore « Mon père est informaticien, il va aller hacker toute votre compte de banque pis vous allez être pauvres ». Genre.

Je me dois de mentionner que le métier de mon père a été particulièrement utile quand j’ai vomi mon sandwich au thon devant tout le monde à la cafétéria en 3e année. Deux jours après, c’était l’Halloween pis j’étais déguisée en police. Plus personne m’a écoeurée après ça.

Dans la Vallée du Silicone, c’est pas mal une autre game.

J’ai été témoin au coin de ma rue d’une chicane assez inusitée.

Enfant 1 : Arrête de m’écoeurer, aussinon je pète ton iPad.
Enfant 2 : J’men fou.
Enfant 1 : Ben donne-moi le ton iPad si tu t’en fou, j’vais le péter en deux.
Enfant 2 : Je peux en avoir plein d’autres gratuits à l’infini. Toi t’es pauvre.
Enfant 1 : C’est même pas vrai ce que tu dis, mon père travaille pour eBay.
Enfant 2 : Ben moi mon père il connaît Steve Jobs. Pis il sait comment les FAIRE les iPads. Fak on est riches.
Enfant 1 : Steve Jobs yé MORT. C’est un zombie pis il pue. Fak ton père aussi, pis toi aussi. TU PUES TU PUES.

Les conclusions sont toujours les mêmes dans les batailles d’enfants, les moyens pour y arriver sont juste un peu différent.

NDLR : Chez simili-bacon, on est désolé si on a mentionné la possibilité que Steve Jobs soit un zombie. Je sais que c’est dur à imaginer, mais si le programmeur front-end en face de moi au bureau lit ça avec google translate, j’aimerais en profiter pour lui mentionner que c’était un peu déplacé de piquer une crise en criant « C’EST UN MANQUE DE RESPECT » quand la personne au bureau qui a gagné le costume de l’année était déguisée en Zombie Steve Jobs. C’était juste une blague. Pis il voulait juste le certificat cadeau chez GameStop.

mercredi 16 novembre 2011

Ze Googeul translate saga


Je suis à veille de pu aller dîner à l'heure de pointe. Midi c'est l'heure de tous les dangers. Je vais me contenter de réglisse et de whippets à 1h30 de l'après-midi, parce que j'ai de la difficulté à tolérer tous les moments étranges qui se passent dans la file d'attente.

Scène: le pizza day hebdomadaire. Un ingénieur de mon équipe, que j'ai accepté comme ami Facebook, se tient dans la file avec moi pour la spéciale pepperoni. Il est roux cute, avec une queue de cheval, inoffensif, et je savais pas ce que je faisais durant les 3 premières semaines de mon arrivée ici, j'acceptais tout le monde comme une jeune écolière qui découvre la vie et croit que Facebook va devenir payant Si Je Ne CoPiE PaS Ce StAtUt!! On est (presque) tous passé par là. 

NDLR: N'oubliez pas que cette conversation se déroule en anglais Californien (et en anglais approximatif/Pauline Marois de ma part)

Lui: Allô!
Moi: Allô!
Lui: J'ai une confession à te faire...
Moi: Ah... ça fait un bout qu'on s'est parlé.. mais vas-y...
Lui: Je copie toutes tes informations Facebook dans Google Translate pour savoir ce qu'ils veulent dire en anglais... tsé... je comprends pas le français moi.
Moi: Pour comprendre mes statuts émotionnels ?
Lui: Oui. Comme hier tu parlais de Skyrim là, je voulais savoir ce que tu en disais...
Moi: Je comprends. C'est légitime.
Lui: Mais des fois ya des affaires bizarres qui sortent. Genre... attends un tit peu... j'ai voulu traduire dequoi qui sonnait bizarre et je voulais t'en parler...
Moi:... Okay!
Lui: (sort son téléphone)... bon... ici... ensuite là... je crois que c'était dans ce coin-là... oui voilà ! Dans une de tes photos tu as commenté... hum ... (prend son air franglais le plus sérieux possible) :"Mauwditte Face dé Marwde lah-dessusse"...
Moi:.... okay... c'est quoi ça au juste...
Lui: Ben je voulais savoir justement... j'ai fait traduire ça dans Google Translate et ça donnait "Front of the damn shit over".
Moi:... ouais, bon, c'est peut-être pas une bonne traduction...
Lui: ... Je me disais que c'était peut-être une figure sportive, parce que c'est sur une photo de toi durant ton voyage de surf dans le Maine en 2008...
Moi:...
Lui: Regarde, c'est celle-là ! (me montre une photo de moi en bikini).
Moi:...
Lui: Mon frère habite dans le Maine, le savais-tu ?
Moi:... non.
Lui: Ouais, tu checkeras mon album de Noël 2009, on était là !
Moi: c'est sûr ! Bon dîner !
Lui: Toi aussi ! Tu me diras si tu veux retourner aller surfer !


Bon, avec tout ça, ça fait longtemps que tu me lis jeune garçon. Avec tout ce que je t'ai appris, est-ce que ce comportement est acceptable dans notre société 2011 ? Si oui, dans quelles occasions et avec quel minimum de charisme et d'apparence physique quelqu'un peut se permettre d'avoir un comportement de la sorte ? Si non, à quel moment la conversation est-elle passée de normale à "tu vas être supprimé de mon Facebook dans les 15 prochaines minutes, dès que je reçois ma pointe de pizza" ?

mardi 15 novembre 2011

Movember dans le patelin des geeks/hipsters



Pendant que votre Facebook est assailli de jeunes hommes se décrivant comme "Mo-Bro" qui vous quêtent de l'argent afin de les encourager à exposer leur potentiel capillaire devant le monde entier (ou encore, toute la Rive-Sud de Montréal), ici le phénomène passe pas mal inaperçu. À force de voir des photos de profil de moustaches handlebar commanditées par Rickards, je me disais que c'était dequoi d'international. Mais non.

Scène: La cafétéria. Aujourd'hui on sert des Sloppy Joes et j'attends en ligne derrière un programmeur qui me regarde à chaque 5 secondes, voulant visiblement entamer la conversation. Il porte la moustache de type hipster, qui contraste bizarrement avec son col romain vert forêt, ses shorts beige et ses sandales brunes. Il me fixe encore.


Lui:....
Moi:....
Lui:... euh... ça a l'air pas pire la bouffe hein à midi.
Moi:... ouais.
Lui:....
Moi:... (maudit, y vas-tu arrêter ça)
Lui:... euh...
Moi: (bon, ça fait là) Belle moustache que tu as là ! Fais attention pour pas trop la salir avec le sloppy joe. Hahaha.
Lui: Hahaha !! Merci !! Mets-en que c'est beaucoup d'efforts !
Moi: Ça doit te tanner.
Lui: Ben pas vraiment, ça fait un bout que je l'ai.
Moi: T'es pas supposé la faire pousser juste depuis 1 semaine ?
Lui: Non. Je l'ai depuis que j'ai environ 13 ans.
Moi:.... C'est pas pour le Movember ?
Lui: Le New Member ? Je sais pas c'est quoi. Non, je l'ai depuis toujours. En fait, je l'ai jamais rasée.
Moi: C'est ta moustache douce d'ado ?!
Lui: Ouais, elle est pas mal douce en effet ! Je trouve ça vraiment incroyable de jamais l'avoir rasée. Je fais juste l'entretenir, et c'est comme si tous mes souvenirs de vie y étaient stockés, tu comprends ?
Moi: Ouais...Wow.
Lui: Oui, c'est assez impressionnant. Mais ça donne un résultat vraiment doux. Si je te la faisais toucher tu en reviendrais pas sûrement, comme toutes les autres avant ! Ha ha !
Moi: Ha ha, c'est vrai que j'en reviens pas vraiment... Bon... je vais aller à la table de dessert... bye. (marche d'un pas rapide)

Le movember, mois des malentendus.
____
Quelques ressources pour toi jeune homme, si tu cherches des réponses à tes questions:
I'm 14, should I shave?
Mustache coming in

jeudi 27 octobre 2011

Biométrie du jour



Le jour des examens physiques et psychologiques était arrivé à ma compagnie de jeux vidéos. On avait tous un rendez-vous, avec une salle d'attente où on avait pris soin d'y installer d'autres jeux vidéos, pour sûrement détendre l'atmosphère avant les prises de sang et rassurant les programmeurs avec la présence de console à portée de main, question qu'ils aient des objets familiers parmi toutes ces infirmières cougars.

Je venais de finir ma prise de sang et j'attendais l'examen psychologique. Faut dire que ça l'a été un peu éprouvant, parce que Natalie, la préposée à la pression sanguine, a commencé à me dire que mon bras était trop maigre pour que son bidule puisse lire ma pression, et a crié à l'autre infirmière de lui en apporter un autre.

-Mon dieu, t'as ben un tit bras toé !
-Ben... j'ai un bras normal.
-Non non, t'as vraiment un tit bras ! Tout le monde avant toi, on avait pas de misère à faire le tour de leur bras là. (criant en lettres majuscules) BETSY ??? BETSY !! Y me faut le tour de bras small. Comment ça, t'en trouves pas ?? Cherche donc un peu !!!!
-.........
-Bon, merci Betsy, t'es ben fine ma belle. Hi hi hi. Bon, on va arranger ça ce bidule-là... hmmm... d'habitude sont tous montés déjà. C'est pas évident cette technologie de velcro-là. Mon mari me dit toujours que je dois laisser les hommes biduler avec les affaires, ya ben raison !
-...
-...Caline, ça tient pas...
-J'pense madame vous avez juste à passer le velcro dans l'ourlet, ici.
-Hein ? Non non, je vais demander à mon boss là, il va m'arranger ça. PETER ??? PETER !!!!
-Non non, check, faites ça comme ça, ça tient là.
-Ah ben, t'es ben brillante toé ma fille. T'as des tits bras, mais t'as l'air à en avoir là-dedans!!! hi hi hi !!! Bon !
-...

En sortant de là, Alex, un programmeur d'interface de mon équipe, était assis sur le divan à côté de moi. Il shakait de la patte comme pas possible en se tortillant de tout bord tout côté. On aurait dit qu'il voulait s'empêcher de faire une grosse flatulence sur la chaise du dentiste. (ben quoi, c'est la meilleure métaphore disponible dans mon répertoire.)

-Ça va Alex ?
-Ouais, j'ai eu mon iPhone 4S cette semaine (dit-il en le serrant tellement fort que je croyais que Siri allait en sortir étouffée.)
-T'as l'air un peu stressé.
-Non non, c'est juste que je trouve ça vraiment inutile de nous faire passer une prise de sang pour avoir le vaccin contre la grippe gratuit.
-Ben t'étais pas obligée d'accepter le deal.
-Ma mère dit que le vaccin contre la grippe c'est bon pour moi, on a une faiblesse génétique contre les maladies saisonnières. Puis en plus je suis allergique à un tas de médicaments.
-...Oh, tu me dis pas.
-Yaurait quelque chose que je pourrais faire pour me déstresser mais je sais pas si ça se fait en public.
-...... euh....
-Non non c'est rien de gênant, t'inquiète pas.
-Ben, si ça peut te faire du bien.

Alex s'est levé, a pris une grande inspiration et a commencé à faire un espèce de kata. Bon, je dis kata, tout ce que je connais au karaté c'est la session de cours que j'ai prise au cégep. On va dire un ramassis de semblant de coups de poing dans le vide et de coups de pied, ces derniers laissant entrevoir ses bas blancs un peu trop près de mon visage. C'était pas super bien exécuté, de sorte qu'on était 5-6 personnes avec les sourcils froncés en train de se demander si c'était une joke tout ça, et dans mon cas s'il allait péter la gueule à quelqu'un/lui-même par inadvertance. Au moins, on était entourés d'infirmières.

Il s'est rassis, de longues secondes plus tard, en secouant son t-shirt Starter parce que visiblement, sa routine lui avait donné des chaleurs. Il a commencé à gosser avec son iPhone, soulagé.

J'ai trouvé un vidéo qui représentait un peu son type de chorégraphie. J'aimais bien Tommy moi, avec son air rebelle.


jeudi 20 octobre 2011

La semaine de la santé

Le plus proche qu'il va jamais passer à toucher ses fesses. Sorry.


Comment ça se passe au Québec ? Supposément qu'il se brasse des affaires dans la construction, dans les ponts, les Canadiens ça va pas bien, est rendue où Jessica Barker, etc. Oui hein. Ben moi de mon côté su la Californie il fait pas mal chaud. On est à la fin octobre et ya encore moyen de se promener en short en plein milieu de l'après-midi. La compagnie se gêne donc pas pour organiser des activités d'extérieur à fond avant "La semaine de la santé".

La semaine de la santé c'est un gros évènement qui se déroule pendant 5 jours, où la compagnie paye des infirmières pour qu'ils nous fassent faire des tests biométriques et des intervenants nous font remplir des questionnaires. Indice de masse corporelle, prise de sang, habitudes alimentaires, questionnaires personnelles ("as-tu un meilleur ami au bureau ?" "pratiques-tu une religion" "combien d'heures par semaine joues-tu aux jeux vidéos"), tout ça étant anonyme. À la fin, tu as un score te disant à quel point tu es à risque dans la vie d'être malade et/ou en dépression. Bien que ça peut paraître alarmant tout ça, c'est simplement un moyen pour la compagnie de savoir à quel point ses employés sont gras et déprimés à force de jouer à Starcraft dans leur sous-sol. Ça leur donne surtout un avant goût du montant qu'ils devront payer pour notre assurance santé.

Donc, "par pur hasard", des activités extérieures sportives sont organisées pendant et après les heures de bureau afin de "célébrer l'automne" (i.e. faire en sorte que nos tests de santé seront légèrement plus positifs et ainsi payer moins de prime d'assurances).

Les geeks sont vraiment excités de ça, parce que souvent ça leur donne l'occasion d'être jumelé dans une équipe de ballon chasseur avec une fille cute des ressources humaines, avec qui ils croient fermement avoir une chance, même si elles sont mariées et enceintes, et que les geeks ont aussi l'air enceinte mais pas pour les mêmes raisons.

Un gars dans mon équipe est vraiment obsédé par la réceptionniste. Joe se voit déjà semer ses grains dans son champ d'amour éternel rempli d'abeilles prospères. Il le mentionne même dans nos scrums matinaux.

Joe: Donc hier ce que j'ai fait, ben j'ai fini l'interface pour la deuxième fenêtre de sélection d'équipement, pis aussi je suis allée au gym et j'ai parlé à Katy pendant 5 minutes.
Brian: Woah !!!
Mike: Malade !!!!!!
Moi: ....C'est cool Joe. Pis qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui ?
Joe: Ben j'ai une plogue avec l'équipe technique, qui organise les activités d'aujourd'hui, pis il m'a dit qu'il allait s'arranger pour que je sois avec elle dans l'équipe de ballon chasseur aujourd'hui.
Brian: SHIT ! Ça paye s'entraîner au gym !! Moi tout ce que je fais pour y parler c'est me commander des colis sur Amazon au moins deux fois par semaine pis les faire livrer à la réception !
Mike: Jalousie !!! Pis ça fait même pas 3 semaines que tu y vas au gym ! Moi ça fait deux mois pis sa session de vélo stationnaire se finit toujours quand j'arrive pour y parler ! Ou faut qu'à prenne le train. Ou alors faut qu'elle aille faire un appel urgent... hmmm... attends une minute...
Moi: Ok.... (soupir peu subtil) Joe, je voulais plus dire genre, à la job, qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui.

L'après-midi arrive, et on est tous là, dehors, à faire un tournoi de ballon chasseur. Bien sûr Joe est dans l'équipe de la réceptionniste (on a su plus tard que c'était en échange de 3 games en coop 2vs2 dans Starcraft avec le technicien. Il est imbattable supposément, on se l'arrache, Joe monte les rankings de tout le monde. Sauf le mien, parce que j'en ai pas) et dans mon équipe aussi.

Organisateur payé pour nous motiver comme au camp de vacances: Bon, tout le monde, êtes-vous prêts à jouer ? Yeah ! Mais avant de commencer, toi là-bas avec le gilet noir, faudrait que tu mettes ton gilet blanc. Ça va mélanger l'équipe des noirs parce que t'es pas avec eux.
Joe: Ben... j'ai pas amené de gilet blanc.
Organisateur: Bon, c'est bon alors, ya quelqu'un qui a amené un gilet blanc et qui veut prendre la place de ce monsieur dans l'autre équipe ?
Foule de programmeurs de l'autre équipe constituée entièrement de gars, appelons-là l'équipe Sausage: MOI MOI MOI MOI !!!!!!
Joe: Non.... NON ! NON ! Attendez, j'ai une solution...
Moi: Non, non Joe fais pas ça !
Réceptionniste: Oh mon dieu...
Jeune artiste: S'il vous plait !! Non !!

Et il l'a fait. Doucement, il a ôté son gilet noir pour remédier au problème et ainsi être dans l'équipe des blancs. En bédaine, avec les seins rebondis, le nombril paraissant comme une profonde caverne dont les parois n'avaient jamais vu la lumière, et le surplus de bédaine du devant semblant s'enfuir vers un dos assez poilu pour que son appartenance à l'équipe des blancs soit compromise.

Moi:....
Jeune artiste:....
Réceptionniste:.... Joe ? C'est ça ? Joe ton nom ?
Joe: Ouais Katy, c'est ça.
Réceptionniste: Remets ton gilet. Maintenant. S'il te plaît.
Joe:....

Dans les jours qui ont suivi, Joe a commencé à nous raconter au scrum à quel point il avait des affinités avec la nouvelle comptable.

lundi 17 octobre 2011

Des souliers de skate avec des roulettes en dessous, c'est pas des souliers de skate.



Au bureau, c'est le temps de l'année où faut magasiner notre assurance médicale. On se croirait dans une foire à l'emploi à Sherbrooke. Ya plein de kiosques avec des goodies les plus inusités (des pansements en bacon, des bactéries pour enfants en styromousse, des ensemble XBOX 360 et Kinect...) , distribués par les compagnies d'assurance, afin de nous convaincre de changer pour eux. Moi je suis bien satisfaite avec ma compagnie de docteurs actuels, ne vous méprenez pas. Mais je me suis dit que j'allais faire un petit tour au cas où yavait une compagnie qui avait une catégorie spéciale avec un budget pour l'épilation laser à Stanford (pour ceux qui suivent mes déboires d'épilation depuis longtemps: Cindy's Beauty Salon, c'est mon salon d'esthétique un peu mal famé près de la station de train. L'hôpital de Stanford, c'est là que je me fais épiler avec un laser dans un bureau de dermatologie). Et oui, jeune garçon, quand je me fais épiler au laser, ça fait Piou! Piou! Oui, avec les lunettes protectrices j'ai un peu l'air de sortir d'un film de Star Wars.

Madame Cougar Blonde avec les Babines Refaites qui a un collant marqué "Betty" sur la poitrine: Allô!
Moi: Allô.
MCBBRB: Es-tu intéressée à entendre nos options de plan d'assurance ? On a des whippets avec des croix rouges dessinées dessus.
Moi: Ok.... Est-ce que vous couvrez l'épilation laser ?
MCBBRB: Hahahaha, I wish. Non. (chuchotant) ... mais ya moyen de faire passer 2-3 injections de collagène dans le plan numéro 4 en omettant quelques détails.
Moi: Ark.
MCBBRB: Quelle compagnie tu as en ce moment ?
Moi: Celle-là là-bas, la bleue.
MCBBRB: Hmmm, choix discutable. Tu apprécies te faire traiter comme un numéro ?
Moi: Pas mal, ouais. Selon ma dernière expérience, en 20 minutes j'étais rentrée/sortie avec mes 3 prescriptions sans même que le médecin ait été capable de prononcer mon nom.
MCBBRB:...

**BANG**

Cette onomatopée représente le bruit d'un jeune programmeur qui vient de me rentrer dedans à la foire des assurances santé. Imagine-toé donc qu'il avait troqué ses souliers Sketchers pour des souliers de skate avec une roulette en-dessous. Tsé, le type que tous les enfants avaient en 2007, de sorte que dans les centres d'achats du monde entier, il y a eu pendant quelque temps l'avertissement "pas de souliers à roulettes" à côté de "pas de vieux en bédaine" et "pas de rollerblade" (mes contacts me disent que l'avertissement est toujours en vigueur au centre d'achats de Rimouski. Faudrait pas que quelqu'un se plante dans le rack de chemises à dragons dans le plus vieux magasin Pentagone au Québec, ou dans les boucles de nombrils avec un faux diamant chez Ardène)

Moi: Ayoye, sti (ou équivalent en anglais) !!!!!
Jeune programmeur: Scuse ! Je suis encore en train de m'habituer avec mes nouveaux souliers à roulettes ! T'as vu ! C'est cool hein !
Moi: J'sais pas... J'savais pas qu'ils faisaient ça en grandeur adulte.
Jeune programmeur: Bah, c'est comme grandeur ado, je porte du 6.
Moi: J'pense pas que tu devrais te promener en parlant fort de ta petite taille de pieds.
Jeune programmeur: Pourquoi ?
Moi: Laisse faire.
Jeune programmeur: C'est pour te dire que je serai pas là demain au travail.
Moi: Ah ouin ?
Jeune programmeur: Ouais, j'men vais faire la file pour le nouveau iPhone 4S au magasin Apple de Palo Alto. Imagine, c'est le magasin le plus proche d'où Steve Jobs est mort. C'est comme un peu un hommage que je lui fais.
Moi: Mets pas tes souliers, parce que tu risques de faire plus de "dommages" que "d'hommage" à Steve en te foutant cul premier dans sa pile de démo d'iPad. (NDLR: c'est une joke bilingue)
Jeune programmeur:... m'a me pratiquer ce soir.

MCBBRB, toute souriante et poitrine pointée vers le futur: Avez-vous des assurances, jeune homme ?

mercredi 12 octobre 2011

Quidditch, Starcraft et efficacité.

Y doit avoir chaud hein.


Là, je sais pas trop ce qui se passe ces temps-ci, mais je pense que c'est comme les séries éliminatoires des geeks. Un peu comme le printemps pour le hockey, le mois d'octobre fait en sorte que les geeks sont tous énervés et un peu à vif. Les ventes de pompes contre l'asthme doivent être à leur plus haut niveau de l'année. Ajoutez à ça le décès de Steve Jobs, ma perception des événements c'est comme un peu comme si ton tank ET ton médic (NDLR: On me dit que c'est un PALADIN) étaient absent du raid prévu dans WoW ce soir.

Tout a commencé quand, en prenant le train pour aller travailler un vendredi matin, il y avait un groupe de jeunes adultes portant l'uniforme de Poudlard. Ils avaient tous des capes, dans pantalons noirs, et certains avaient des fausses lunettes d'Harry Potter. Lorsque le train a été rendu à ma station de destination, toute la classe de simili-Hermione a descendu aussi, me précédant, avec leur balai et leur cape volante dans les marches de l'escalier du train. Ça discutait de stratégie de Quidditch.

Je sais pas trop si c'était mon niveau de perplexité qui a fait en sorte que j'étais moins attentive, mais j'ai pilé sur la cape d'une grosse Poudlard rousse. Une genre d'enfant illégitime de Ron et Neville, qui a perdu l'équilibre et aussi son balai de plastique, ayant crissé le camp sur un cycliste et son vélo à 3000$, mais celui-ci l'a juste regardée avec dédain avant de continuer son chemin. Elle s'est retournée et sans que j'aie le temps de m'excuser, m'a juste criée:"Eille toé, regarde donc où cé que tu vas (équivalent de tabarnouche en anglais)" avec des yeux exorbités et de la haine dans chacune de ses taches de rousseur. J'pense que si elle avait eu une vraie baguette magique, elle se serait faite aller le Avada Kedavra par là monsieur.

Puis, rendue au bureau, un programmeur a annoncé son absence au bureau pour une cause d'urgence familiale. Okay, "urgence familiale", ça sonne grave, surtout quand tu as pas de blonde ni d'enfant, on s'est dit, ça y est, son père est malade. C'est bon. Pis c'est pas comme s'il allait nous manquer au bureau, il est comme un peu spécial, et il a fait imprimer une photo de Steve Jobs pour la coller près de son écran d'ordi. Léger malaise.

Mais après sur Facebook on le voit dans un check-in à San Jose, en train de boire du champagne à même la coupe de Quidditch de Silicon Valley. C'est sûr qu'une partie de moi souhaitait qu'il ait foutu un coup de balais de plastique dans la face de la grosse Hermione du train, mais aussi une autre qui trouvait que le Quidditch ruinait pas mal ma journée.

Bien sûr, il a fallut aller en réunion parce que le programmeur en question n'était pas là pour faire ses tâches aujourd'hui. On cherche une salle de réunion, et bizarrement, toutes les salles sont prises, avec les lumières fermées et le projecteur allumés. On entre dans une avec les portes ouvertes (yé genre 13h).

Programmeur: Salut !!! Vous arrivez juste à temps ! Ça commence bientôt.
Moi: Dequoi qui commence bientôt ?
Programmeur: Ben, la game 3 voyons !
CEO de notre compagnie: Chhhhuuut là ! Je veux pogner le début !

Puis à l'écran sont apparus deux Coréens qui ont commencé à cliquer frénétiquement partout sur leurs écrans en jouant à Starcraft 2, pendant que des commentateurs décrivaient chacun de leurs mouvements, dans le style: "Wow, quelle décision risquée de construire une nouvelle base si tôt dans le jeu!" et  "C'est vraiment seulement un joueur zerg talentueux qui peut se permettre une telle manoeuvre!". Imaginez-vous donc que c'était les championnats internationaux de Starcraft 2 cette semaine.

Moi: Oui mais c'est qu'on a besoin de la salle pour...
CEO: Chhhhuuuuut !!!!
Coéquipier: Laisse faire, on va essayer de faire sentir mal une autre salle avec pas le président de la compagnie dedans.

jeudi 6 octobre 2011

Bye bye Steeves.

Ici, au sein de l'équipe Simili-Bacon, on vit le décès de Steve Jobs de manière assez marquée. En fait, toute la Vallée du Silicone est en deuil, ça fait des vigies dans les Apple Store et les hommages plus ou moins pertinents retontissent d'un peu partout, du PDG de la compagnie à la jeune cousine sur Facebook qui réussit à faire un lien entre la mort de Steve et le départ d'Athéna dans Occupation Double.

Le plus grand impact qu'aura eu Steve Jobs dans notre vie n'aura pas été tactile, blanc, pomme, transparent, cher, ou hipster: il a eu lieu dans la catégorie "Mode".

À chaque jour, on se bat pour essayer d'inculquer de belles valeurs à nos amis programmeurs, pour bien sûr leur permettre d'avoir une compagne avec qui remplir les achievements en Coop à Gears of Wars 3.

Mais parfois, on peut pas se battre contre ça.




Steve, tu rends pas mon travail facile.

dimanche 18 septembre 2011

Abus des bonnes choses



C'est étrange comment on se fait des amis dans la vie.

L'autre fois, c'était le meeting de la compagnie. Pas le party là, le meeting. Au lieu d'avoir un bar open et du bowling ya juste de la pizza et de la bière après, pour nous remercier d'avoir écouté. Ça parle de chiffres, d'argent, d'objectifs et le jeune fondateur de 24 ans multimillionnaire qui fait pu grand chose dans la compagnie nous divertit toujours avec ses conseils d'expérience, pendant que le CEO a l'air découragé au plus haut point.

C'est à ce moment-là que je me dis que le meeting serait beaucoup plus intéressant avec de la réglisse. Je me dirige dans l'une des cuisinettes (yen a une à chaque 15 mètres... faut pas trop stresser les programmeurs...) et en profite pour prendre 7-8 réglisses dans une main, 4-5 sachets de tylenol dans l'autre, on en a toujours besoin dans notre pharmacie. 

Je me redirigeais vers le meeting en jetant un dernier coup d'oeil derrière moi, dans la station à crap, en train de me demander si des nouilles Ramen aux crevettes épicées auraient bien pu accompagner la réglisse, quand la porte de la salle de bain s'ouvre.

BAM. Contact direct avec une artiste d'une autre équipe.

Mes réglisses et mes tylenols tombent à terre, mais le plus surprenant, c'est que mes vivres sont complètement enterrés par une marée de tampons. J'avais l'air d'une pickpocket de seconde classe avec mes tylenols, comparativement à elle, qui était manifestement en train de faire un vol qualifié très bien exécuté de tampons "régulier" de la salle de bains.

-Euh, désolée.
-Ouais, moi aussi.

On se penche par terre pour ramasser notre magot. Ya un malaise, mais pas tant que ça. On voit tout de suite qu'elle et moi, on a les mêmes gènes dans le sang.

-Aaaaah, c'est toi la dévoreuse de réglisses. Yen reste jamais quand j'en veux !
-Ben là, j'y vais pas tant que ça par jour, prendre des réglisses.
-...
-... genre, peut-être 6 fois.
-... voilà.
-Pis toi, tu as tu laissé un peu de tampons aux autres ? Tu sais qu'au lieu de prendre 20 réguliers, 7 super auraient fait la job.
-Ben là, je prévois pour les autres mois.
-Arrange-toi pour qu'il en reste la semaine prochaine, je prévois pu ça dans mon budget!
-Hahaha.
-Hahaha.

Et là on a eu un beau moment de complicité. Depuis ce temps-là, on mange ensemble le midi.

Elle m'a montré comment séduire le jeune préposé au buffet afin qu'il me donne un doggy bag pour la nourriture de souper (en lui parlant de Call of duty 4 et de Katy Perry), et aussi le ''secret stash'' de bepto bismol, le red-bull sans sucre, et comment débarrer la salle de maternité pour faire des siestes l'après-midi.

lundi 12 septembre 2011

"J'vas au gym eul'gros"



Ouais, bon, c'est pas exactement comme ça que ça se passe dans un gym de compagnie de vidéo. Tout le département de programmation était super excité quand la direction nous a appris qu'un gym à la fine pointe de la technologie allait ouvrir dans le building. Je me disais que j'irais faire un tour bientôt, vu que je commence à avoir un petit pneu de chips au vinaigre et de verres de terre en jujube en haut de la ceinture. De l'emergency fat, qu'on appelle.

Déjà 2 semaines après l'ouverture du gym, il est déjà désert. À 6h le soir, on est à peu près 4 dans ce gym intelligent, avec des télés fixées à chaque appareil et des adaptateurs à iPod partout, pour faire je sais pas quoi... Je connais pas ça les gyms. Je sais juste que voir un dude de 280 livres, avec une poitrine à faire rougir d'envie Pamela Anderson, faire de la marche rapide en fixant les deux yeux grands ouverts le spécial dessert sur le Food Network, ça me rend mal à l'aise. Comme si j'entrais dans son intimité.

(Bonne nouvelle par contre, on peut se reposer les yeux avec le jeune programmeur bronzé et musclé (l'exception qui confirme la règle), qui a décidé d'ôter ses lunettes fumées le temps de se promener un peu sur les mains afin de bien mettre en valeur ses triceps bien développés. Faut juste s'assurer de ne pas laisser notre bouche entre-ouverte en le regarder trop longtemps, ça nuit à la crédibilité)

Je me suis mise moi aussi sur une machine au hasard, en écoutant une émission de mariage sur TLC, quand un geek gênant est apparu de nulle part près de ma machine, en me faisant quasiment le saut, avec sa coupe champignon et ses lunettes d'Harry Potter.

Un geek gênant, c'est la sorte de geek dont tu as déjà refusé 4 fois l'amitié sur Facebook parce que tu lui avais jamais parlé au travail. C'est la sorte de geek qui, au lieu de prendre ça comme un "Laisse-moi tranquille, tu as l'air étrange", a pris ça comme un "Je devrais essayer de lui parler plus, peut-être que l'on va devenir proches". C'est ainsi qu'à chaque fois qu'il me disait allô dans le corridor, et que je lui répondais, inévitablement j'avais une demande d'amitié Facebook dans les deux heures qui suivaient. Et le geek gênant est du type étrange que te souhaite "Bonne fête en avance !" deux jours avant la date de ta fête dans la ligne pour le pâté au poulet le midi. Habituellement, tu essaies de rester un peu plus loin d'eux autres. Par expérience.

Mais Winston, lui, rien ne l'arrête. Les écouteurs sur les oreilles, ma concentration à toute épreuve devant "4 weddings" à essayer de deviner qui va gagner la lune de miel gratiss, rien n'y fait. Je savais qu'il était au gym, je l'avais vu quand je suis arrivée prendre deux poids de 30 livres, les soulever une fois avec immensément de difficulté, les replacer, puis ensuite faire semblant de s'étirer pendant les 15 minutes qui ont suivi. Malaise.

Mais maintenant il était là, devant moi, la raie de sa coupe champignon luisante de sueur à seulement s'imaginer faire de l'exercice...

C'est là que j'ai remarqué qu'il portait un t-shirt dont les manches avaient été coupées au ciseau, certainement pour mettre l'accent sur ses biceps aussi gros que mon poignet et son bronzage très subtil, assez pour qu'on en voit la démarquation style t-shirt habitant. Il avait aussi jugé nécessaire de porter des gants d'haltérophilie, pour je ne sais quelle raison.

-Allo !!!!!
-Allo.
-Viens-tu au gym souvent ?
-Non.

Je ne jugeais pas nécessaire de lui demander "et toi".

-Moi pas mal, ouais. Je m'entraînais vraiment beaucoup à l'université, j'étais vraiment beef en fait, j'en ai perdu un peu, mais ça revient tranquilement.
-...

Il parlait et on aurait juste dit un paquet d'os blanchâtres, avec une cage thoracique proéminente qui montait et descendait sans arrêt, juché sur deux grands pieds blancs New Balance. S'il a déjà été musclé, moi je porte du 36D.

-Ouais c'est que je fais pas mal de sport ces temps-ci, je fais partie d'une équipe. Regarde, c'est notre gilet !

Il me pointe son t-shirt sauvagement déchiré, sur lequel il est écrit "I've got 99 problems but the snitch ain't one". Un intelligent mélange de Jay-Z et de vif d'or. On arrête pas le progrès. Il a cru aussi bon, pour clarifier devant mes yeux perplexes, et de me montrer ce qui était écrit dans son dos: "Silicon Valley Quidditch League". Oh, wow.

-C'est quoi, une ligue de quidditch d'Harry Potter virtuelle ?
-Non non, c'est la vraie affaire là. On est vraiment bon.
-Je comprends pas, la vraie affaire ? Vous volez dans les airs avec un balai ?
-Ben, presque ! On a un balai entre nos jambes, mais on vole pas. Ya des Cognards et on se pitche le ballon dans la face pour voler le Soufflard, pis après le lancer dans un des trois anneaux de but.
-Vous courez avec le balai entre les jambes ?
-Ben c'est un petit balai en plastique, mais ça ressemble vraiment aux vrais dans les films ! Bon, je continue à m'entraîner.

Winston avait l'air vraiment satisfait de lui-même, mais moi de mon côté j'avais comme une étrange image en tête, une équipe de geeks avec des faux tatous d'Hermions sur le chest, ensanglantés à cause qu'ils ont trop reçu de ballons dans la face, en train de courir les genoux collés en pingouins avec leur balai entre les jambes, en se criant des sortilèges de désarmement.

J'étais perplexe.

Finalement, après le gym, je suis retournée chez nous, et bien sûr une nouvelle demande d'amitié m'attendait sur Facebook.

Puis, je suis allée sur YouTube, et j'ai trouvé ça:


Oh wow.

dimanche 11 septembre 2011

Maladresse canadienne



Même si ça fait 6 mois que je suis su les États-Unis, il m'arrive souvent de me mettre les pieds dans les plats. Récemment, c'était lors d'une allocution surprise télévisée d'Obama. J'ai pouffé de rire au moment où il a terminé son discours en disant lentement, de façon dramatique, "and, God Bless AmAHrica", parce que je pensais que c'était une blague et que les présidents disaient juste ça dans les films d'Arnold avec des explosions.

Je me suis faite dire que j'étais ingrate envers le pays qui m'accueillait à bras grands ouverts alors qu'il n'était pas obligé, et que certains me considéreraient même comme une voleuse de job. La grosse Chicane avec un grand C. Avec du ressentiment dans l'sang.

Ça s'est continué aujourd'hui. J'allais su Walgreens m'acheter de la pâte à dents. Jusque là, pas encore un geste anti-américain.

J'attendais en ligne calmement pendant que la caissière s'engueulait avec une cliente sur le prix d'un sac de chips. Aux États-Unis, ya pas vraiment de tite loi qui te permet d'avoir un rabais quand il y a une erreur de prix. C'est un peu free for all. Donc les deux partis s'engueulent jusqu'à ce l'un abandonne, ce que la cliente a fait en pitchant son sac de chips et en foutant le camp.

-NEXT !
-Allô ! J'ai juste de la pâte à dents.
-Bon, ça fait 3$. Tout le monde est vraiment de mauvaise humeur aujourd'hui. C'est vrai que c'est pas une journée facile.
-Ben, la température est pas si mal que ça, ça va se dégager.

La caissière m'a tout de suite lancé un regard meurtrier, je le voyais même avec son cross-eyed qui louchait vers la section des boissons gazeuse. C'est comme s'il était réfléchi des millions de fois et me poignardait. Oui oui. Mais je ne comprenais pas pourquoi. Je m'étais même pas engueulée sur le prix, j'avais rien volé, yavait pas le mot "happiness" donc j'ai pas pu dire le mot pénis par inadvertance, j'avais une hygiène presque irréprochable.

-Tu me niaises, là ?
-Euh... hein ?
-Tu penses qu'aujourd'hui le monde va mal à cause de la TEMPÉRATURE ?
-Ben, j'sais pas, je crois que ça va se dégager...
-Avec ton ACCENT, j'imagine que tu ne viens pas d'ici.
-Ben...
-Le 11 septembre 2001, ça te dit quelque chose ?
-Oh...
-Mets-en, OH. Des milliers de personnes sont mortes à cause des terroristes, des milliers d'autres à la guerre pour défendre notre DIEU et notre LIBERTÉ contre les maudits terroristes, et toi tu as une pensée pour la TEMPÉRATURE ?
-...
-Tiens, prends ton change, pis pense à ceux qui meurent à chaque jour pour que tu puisses te promener librement dans cette rue.

Après je me suis sentie un peu honteuse, et j'ai pensé pendant au moins 30 secondes à m'acheter un t-shirt "God will never forget 9/11" avec un aigle à tête blanche et un gun dessus, et ensuite m'installer dans un café pour lire sur les théories de conspiration. J'aurais peut-être du être plus attentive quand l'hymne national américain jouait avant les parties de hockey.

lundi 5 septembre 2011

Milieu de travail multiculturel

C'est un peu comme ça mon travail, sauf remplacer la langue menacée par le mexicain.

De nos jours, l'industrie du jeu vidéo est plus diversifiée qu'une saison de Fort Boyard. Surtout culturellement. Nous autres, au lieu d'avoir des Felindra, nos spécialistes sont plus souvent qu'autrement des asiatiques. Pendant que l'on travaille, eux ils dorment.

Pendant qu'on dort, ils travaillent deux fois plus que nous, tout en gagnant la moitié de notre salaire. 

Ils rêvent de venir s'établir aux États-Unis, même si c'est au Missouri dans un shack en carton, afin de vivre le rêve américain et d'avoir un fusil. Sont pas ben ben différents de moi dans le fond.

Cette semaine, un Indien de notre bureau à l'autre bout du monde est venu faire un tour sur la Vallée du Silicone pour le prochain mois. Abishek le programmeur n'était jamais sorti de l'Inde, et sa première semaine a bien sûr concordé avec un évènement spécial au bureau.

(NDRL: Dans la Vallée du Silicone, c'est aussi facile de changer de job que de se mettre In an Open Relationship avec le profil que tu as créé pour ton chien sur Facebook. C'est pourquoi, à chaque deux mois, le studio a un après-midi de congé pour faire une activité de team building avec un bar open: go-kart, barbecue, film de guns et de grosses boules en avant-première, etc. De cette façon, tu es supposé trouver ta job cool et centrée sur l'humain et non pas sur la piasse. Oooh !)

C'était un genre de bowling cosmique comme il y avait durant mon adolescence à Brossard. Sauf version bureau. Black lights, boules de bowlings fluorescentes, filles des ressources humaines créant un malaise par le port de chandail bédaine, pièce de Karaoke séparée pour les hauts placés qui ont bu un peu trop de Jagerbombs, gars des services techniques qui en profitent pour donner leur show d'animateurs de foule en criant comme Chewbacca. Un party de bureau très très conventionnel, quoi.

Mais pas pour Abishek. Abishek est un jeune homme frêle et gêné, et la seule fois qu'il a interagi avec une boule de bowling, c'est sur son écran d'ordinateur. Il m'a dit qu'il n'avais jamais joué au bowling avant donc il a cherché un jeu flash sur internet afin d'en apprendre les bases. Il faisait des parties parfaites après sa 5e partie. 

Une fois au coeur de l'action, on pouvait voir qu'Abishek était un peu dépassé par les événements. Le show de lumières disco et la musique de Bon Jovi dans le piton semblait être à deux doigts de lui causer une crise d'épilepsie, il enlignait dalot par-dessus dalot, en plus toute la pile de nourriture (doigts de poulet panés, nachos mouillés avec surplus de vieille guacamole, pizza 7 viandes...) ne semblait pas faire partie de son régime habituel.

Moi: Ça va Abishek ?
Abi: Oui.
Moi: Veux-tu quelque chose à manger ?
Abi: Pas vraiment, non.
Moi: Ok.
Abi: Tout ça, ça finit quand habituellement ?
Moi: Ben tu peux partir quand tu veux ! 
Abi: Je suis venue avec Michelle, je sais pas trop si elle est prête à partir.

Michelle, sa manager, était au bar depuis un bon 15 minutes, enlignant les shooters de Tequila, remplaçant le fameux citron final par une poignée d'onion rings à chaque fois.

Moi: ...
Eric: HEY SALUT ABI !!!!!!!!!!1111 COMMENT SE PASSE LE PARTY ???????
Abi: C'est le fun.
Moi: ...
Eric: VIENS AVEC NOUS AUTRES AU BAR, ON EST EN TRAIN DE SE FAIRE UNE LIGNÉE DE  SLIPPERY NIPPLES, TU VAS VOIR C'EST VRAIMENT EXCELLENT !!!!!! TU SAIS TU C'EST QUOI DES NIPPLES HEIN TU COMPRENDS CE MOT-LÀ EN ANGLAIS ????
Moi: Eric, Abishek il boit pas.
Eric: HEIN QUOI HEIN BEN NON ABI VIENS-T'EN AVEC NOUS AUTRES !!!!!!!!!!!!!!!! EILLE JACK CHECK ÇA QUI CÉ J'AI PÊCHÉ !!!!

C'est alors qu'Abishek est allé au bar enligner les Slippery Nipples. J'étais un peu inquiète parce qu'il m'a dit que la seule fois qu'il avait bu dans sa vie était une bière la journée de ses 18 ans.

Après deux-trois pointes de pizza de mon côté, ma conscience m'appelait. Fallait que je trouve où était rendu Abishek. Il n'étais plus au bar, ce qui pouvait ou non constituer une bonne nouvelle.

Il n'étais plus sur aucune allée de quilles, ce qui m'a rassurée parce que je suis pas vraiment certaine que son voyage incluait une assurance santé sur un pied cassé, causé par une échappée de boule de bowling.

Il ne semblait pas non plus dans la salle de karaoke, où 4 filles des ressources humaines bronzées avec un chandail bédaine étaient en train de chanter Like a Virgin de Madonna.

Il me restait les toilettes... bon, fallait que je trouve un programmeur à jeun et lui expliquer le problème, et qu'il aille explorer les toilettes remplies d'autres programmeurs malades...

"I REALLY LIKE THE AMERICAS AND MADONNA. SHE IS BIUTIFULLL"

Mais, la voix d'Abishek ? Qui provient de la salle de karaoke ? Oh shit. Oh shit.

Ce n'était pas 4 filles des ressources humaines bronzées en bédaines, mais 3 filles des ressources humaines bronzées en bédaine. Et Abishek, avec un noeud dans son polo déboutonné, dont on lui avait "poppé" le collet, en simili-bédaine, un collier hawaiien avec plein de noeud autour du front.

Il était en train d'enchaîner avec Like a Prayer, bras dessus, bras dessous avec les chicks des RH, les yeux dans la graisse de bine, un sourire et une démarche un peu chancelants... Il était trop tard.

Deux jours plus tard, Abishek était convoqué dans les bureaux des ressources humaines.

Son contrat aux États-Unis était allongé jusqu'à 6 mois, il "fait vraiment du beau travail, est définitivement un joueur d'équipe exceptionnel qui a rapidement su s'adapter au rythme de vie demandant du marché américain".

Yééé.