dimanche 24 juillet 2011

L'aéroport



Je vous parle de geeks, je vous parle de segway, mais je reste étrangère dans ce pays d'Américains.

Contexte: Aéroport de Seattle. Je m'en retournais à San Francisco après une conférence de jeux vidéos aux abords de Virgin Airlines. Virgin Airlines c'est le fun, on dirait le Fuzzy de Brossard qui a épousé le Nickels à 30 000 pieds d'altitude. Grosses lumières mauves, hôtesses de l'air slutty avec le g-string qui dépasse, discographie complète d'Elvis sur demande, télécommande fournie pour l'écran tactile qui est à 1 pied de ta face et le capitaine qui prend le micro une fois de temps en temps pour raconter des anecdotes ou souhaiter bonne fête à Nicole, sa belle-soeur qui vole avec nous, et les Américains très excités parce qu'ils peuvent écouter des parties de baseball en direct sur ESPN: la grosse vie sale, quoi.

Pas nécessaire de mentionner que j'étais très énervée à l'idée de boire mon petit jus de pomme en regardant des épisodes de Friends saison 2.

J'attendais dans la file des fouilleurs de terroristes, en me remémorant des scènes du film de Harry Potter que j'avais vu hier, et des commentaires de multiples geeks tellement heureux que maintenant Hermione soit d'âge légal maintenant, parce qu'avant c'était malsain de la trouver cute (ou de se toucher en regardant Harry Potter 4, j'imagine...). J'étais en file devant un couple âgé avec un fort accent du sud. Lui portait un coton ouaté marqué Alaska dessus, et un aigle à tête blanche. Elle portait également un coton ouaté Alaska dessus, mais avec un bison. Juste assez différent pour ne pas entrer dans la catégorie "couple fusionnel". Chacun portait aussi des lunettes fumées dans leur cou, avec une courroie que tu attaches après pour ne pas les échapper quand tu fais des sports extrêmes comme le voilier, la pétanque ou attendre en file. Ils étaient en train de se chicaner à savoir si oui ou non ils devaient ôter leur lunettes fumées en passant dans le détecteur de métal. En tant que globe-trotter presqu'internationale, je décidai d'intervenir.

Moi: Scusez, vos lunettes sont en plastique, vous n'avez pas besoin de les enlever.
Lui: Es-tu sûre ? Sont quand même de qualité, peut-être que ya des armatures de métal à l'intérieur.
Moi: Vos lunettes monsieur ce--
Elle, chuchotant peu subtilement: Donald, arrête.
Donald: Arrêter quoi ?
Elle: Arrête de parler à la fille là, on la connait pas.
Donald: Pourquoi ?
Elle: Elle a un accent...
Donald: Ohh...

Les deux ont donc détourné le regard et ont commencé à gosser après leurs bibelots souvenirs d'Alaska. Tous ces avertissements à l'intercom de ne pas se fier aux étrangers, de ne pas laisser de bagages sans surveillance... J'ai décidé de ne pas tourner le fer dans la plaie, par exemple en commençant à faire semblant de parler au téléphone dans ma langue "d'étrange". À voir les rednecks aussi larges que hauts des fouilleurs de terroristes, je me suis dit que si je commençais à expliquer que mon accent n'était pas un accent canadien, mais bien franco-québécois, j'étais pas sortie du bois. Je me rappelais mes événements de visa où le douanier ne savait pas vraiment c'était quoi Facebook, et où quand je suis allée tirer du shotgun notre surveillant ne me croyait pas quand je lui disais que OUI, des millions de personnes parlent français en Amérique.

C'est pas facile.

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