Problèmes américains

Ben elle a serait pas trop dépaysée.

Les américains sont prudes. Nous autres, jeunes québécois, on a été élevés avec des images de grosses madames qui semblent directement sorties de livres de Michel Tremblay, qui gueulent après leurs enfants sur leur balcon en alignant cigarettes après cigarette, pendant que leur mari en bobettes chique du tabac, les deux pieds sur une montagne de buckets de PFK, en renâclant une fois de temps en temps. Nos balcons sont sacrés, nous autres. C'est sans parler du linge sortant de la laveuse que l'on fait sécher dehors, sur une corde à linge ou ben donc en tas empilé sur le garde... TOUS, bien sûr, accessible de la gallerie.

(NDLR: la gallerie, jeune garçon, c'est l'endroit où le docteur t'interdit d'aller sans une burqa à cause de ta peau d'albinos sensible.)

Mais su la Vallée du Silicone, c'est pas pareil. Les balcons sont un lieu sacré. Pas de barbecue autorisés dessus, parce qu'avec les tremblements de terre quasi-hebdomadaires, il pourrait tomber par terre et exploser. Ou pire, tacher le balcon. Pas de plantes dessus non plus, parce que les arroser pourrait faire tomber de l'eau sur la tête des voisins.

Mais la règle la plus spéciale est de ne pas pouvoir faire sécher du linge sur son balcon.

-Pourquoi ?
-Et bien, c'est écrit dans ton bail.
-Mais, pourquoi ?
-Parce que l'eau du linge qui tombe en séchant peut descendre jusqu'aux voisins d'en-dessous, et ainsi les importuner.
-Stune joke ? Je pense que la fonction technologique "essorer" de la laveuse remplit bien sa job de pas faire en sorte que ma marche entre la laverie et l'appartement ne fasse pas déborder la piscine sur le chemin. (flashback vers un clip de Marina Orsini qui essore son linge avant de donner naissance à Blanche dans la neige)
-Bon, ok... en fait, c'est que tu étends tes éléments personnels sur la galerie.
-Mes bobettes ?!?
-Et bien... oui... et tes soutien-gorge... et on a eu quelques plaintes...
-Au pluriel ?
-Oui. Donc à l'avenir, si tu pouvais faire sécher tes vêtements à l'intérieur ça serait apprécié.

Câline. Donc là je me retrouve à devoir faire sécher mon linge à l'intérieur de mon appart, qui sent les générations de pisses de chat sur le tapis, parce que j'offusque les geeks.

Oui, je vous ai dressé jusqu'à un portait d'un certain type de geeks, les désespérés. Mais il existe aussi les désespérants, qui ont possiblement déjà déniché leur nouvelle blonde asiatique en squattant un cours d'anglais pour les nouveaux immigrants. Eux autres ils sont souvent méchants, parlent très très vite et j'ose croire que mes sous-vêtements à la vue de tous effritent leur catholicisme profond ou encore diminue leur pourcentage d'efficacité à Counter Strike. Ceux-là on les aime pas. Yont un mauvais fond.